Les collectivités locales et territoriales sont aujourd’hui particulièrement concernées par les changements apportés par le numérique. Elles se doivent d’en prendre toute la mesure, et je vous apporte ma vision sur ces enjeux, tirée de mon expérience du secteur public.
Au récent Forum de Davos réunissant responsables politiques et industriels de la planète, le sujet à l’ordre du jour était effectivement la 4ème révolution industrielle.
Pour mémoire, la 1ère révolution était celle de la machine à vapeur, la deuxième celle de l’électricité, la 3ème celle de l’informatique qui a contribué à automatiser la production. Aujourd’hui cette 4ème révolution qui s’inscrit dans le sillage de la 3ème est une révolution Numérique commencée il y a 40 ans avec aujourd’hui des accélérations fantastiques qui transforment toutes les facettes de notre société et de nos économies, nos façons de consommer, produire, échanger, travailler, vivre, se distraire et se cultiver…
Les mutations induites par le numérique bousculent tout et cela va plus vite que l’on image.
Il est donc essentiel que les élus et agents territoriaux prennent bien conscience des enjeux, des menaces et opportunités : 50% des métiers qui existent aujourd’hui n’existeront plus dans 10 ans et 50 % des métiers qui existeront dans 10 ans n’existent pas aujourd’hui.
On peut donc bien parler d’une mutation de notre société avec une incidence majeure et progressive sur l’emploi et sur le chômage, enjeu majeur pour notre pays. Cette mutation concerne également la gestion des Ressources Humaines pour les entreprises, pour les collectivités territoriales et leurs agents.
L’organisation au sein des collectivités locales évolue et s’adapte au fur et à mesure des obligations liées à la dématérialisation des échanges. Mais comment sensibiliser les élus locaux aux mutations induites par le numérique dans la société et la gestion de leurs territoires ?
Bravo pour le programme de Développement concerté de l’Administration Numérique Territoriale (DcANT) lancé avec succès par le SGMAP (secrétariat général pour la modernisation de l’action publique). La gestion et le développement des territoires ne peuvent être réduits à la dématérialisation des échanges entre les collectivités locales et l’administration centrale.
D’autres domaines sont essentiels pour les élus locaux :
- la santé,
- l’éducation,
- le tourisme,
- l’agriculture,
- la culture et le patrimoine,
- l’économie collaborative,
- la communication avec les citoyens, les entreprises, les associations,
- la gestion des RH,
- rendre sa ville ou son village plus intelligent par la bonne utilisation des données et d’objets connectés : Big Data, Open Data, IoT (i.e. : IoT pour Internet of Things, Internet des Objets),
- l’e-Démocratie.
Le numérique, c’est aussi le changement radical de notre Société, une véritable mutation de nos activités politiques, économiques, sociales et culturelles
Le Numérique, ce n’est pas seulement une Industrie (l’activité de fournisseurs Informatiques et Télécom) ou la couverture du territoire national en THD (très haut débit), ou un ensemble d’outils au développement exponentiel incluant la dématérialisation de documents administratifs… tout ceci correspond à des moyens. Mais le numérique, c’est aussi (surtout) le potentiel de changement radical de notre Société, une véritable mutation de nos activités politiques, économiques, sociales et culturelles. Ce sont de nouvelles façons d’acheter, de voyager et faire du tourisme, de faire de la recherche et du développement, de concevoir de nouveaux produits, de les fabriquer avec la révolution des Fablabs, de les distribuer, de concevoir et de gérer les services (financiers, de santé, du tourisme, de la culture, etc.), de communiquer et d’échanger entre et avec les citoyens, de former, d’éduquer et d’apprendre, de travailler (mutation du travail et des métiers, télétravail, gestion des ressources humaines) et de rendre les villes et les villages plus intelligents par l’utilisation d’objets connectés…
Il faut donc sensibiliser et former à la fois les élus locaux et les agents des collectivités locales dans un délai très rapide. Dans cette démarche, quel peut être le rôle des structures de mutualisation existantes, qu’elles oient départementales ou régionales ?
Cette sensibilisation doit se faire par une action concertée entre institutions centrales et collectivités locales, la primeur étant donnée aux collectivités locales. Une action concrète pour le 1er trimestre 2016 : la session pilote organisée par l’Assemblée des Départements de France (ADF) et l’Institut pour la Formation des Élus Territoriaux (IFET).
Elle a pour objectif de sensibiliser et s’appuie sur des témoignages d’élus convaincus et porteurs d’expériences réussies. Cette session a vocation à être reproduite dans les territoires à l’initiative des collectivités. Un Mooc (massive open online course, Formation en ligne ouverte à tous) sera développé pour accélérer le processus de formation au sein des collectivités et entre collectivités.
Mais il est clair que tout n’est pas à inventer. Des structures existent qui montrent des voies à suivre qui ont déjà montré des résultats significatifs. Elles pourraient s’investir davantage dans le processus de sensibilisation, formation et communication. Il y a quelques exemples même s’ils ne sont pas très nombreux :
- au niveau régional : e-bourgogne et Mégalis Bretagne
- au niveau départemental : Adico (bien sûr), e-Aveyron, Alpi40, e-Drome, e-Aube, Soluris (nouveau nom du Syndicat Informatique de Charente-Maritime)
- au niveau interdépartemental : Syndicat Intercommunal des Collectivités Territoriales Informatisées des Alpes Méditerranée (Sictiam)
[…] La révolution numérique dans les collectivités territoriales. […]